Biennale 2004 ‑ Entre ciel et terre

Du 18 juin au 29 août 2004 à Trois-Rivières, la Biennale nationale de sculpture contemporaine (BNSC) présentait son premier événement en art contemporain axé sur la sculpture et l'installation. L’exposition regroupait 12 artistes provenant du Québec, un de l'Ontario, un de la Nouvelle-Écosse et un de Terre-Neuve. L'événement s'est déroulé à la Galerie d'art du Parc - Site principal, à la Maison Hertel-de-La-Fresnière, à Espace 0...3/4 de l'Atelier Silex et à la Galerie d’art r3 de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Différentes activités ont été proposées au cours de la Biennale.

Rappelons que l’organisation a été fondée le 15 février 1983 sous l’appellation de la Biennale nationale de céramique. De 1984 à 2002, 10 événements ont vu le jour à Trois-Rivières et ont circulé à différents endroits au Canada. En 2003, l’entreprise est devenue la Biennale nationale de sculpture contemporaine. Pour la première édition en 2004, les organisateurs, forts de l'expérience acquise au cours des vingt années passées à la barre de la BNC, ont réuni un comité consultatif composé de professionnels du milieu artistique de la région, afin de discuter de la nouvelle orientation à donner à l'événement. La nouvelle Biennale nationale de sculpture contemporaine s'est alors fixée comme objectifs de stimuler la recherche et l'innovation auprès des sculpteurs canadiens; de mettre en valeur, de promouvoir, de sensibiliser et d'accroître l'intérêt du public quant à la diversité et la richesse de la sculpture contemporaine au Canada.


Événement central – exposition canadienne Pour la BNSC 2004, le comité organisateur a invité le commissaire Gaston St-Pierre à choisir le thème de l'événement ainsi que les artistes professionnels. Le choix de ce dernier devait respecter les critères suivants: douze artistes professionnels provenant de différentes régions du Québec dont deux en début de carrière et trois provenant d'une province autre que le Québec. Les artistes ont été invités à travailler à partir de la thématique "Entre ciel et terre". La résultante a été présentée dans quatre centres de diffusion de Trois- Rivières au Québec. Thème (Extrait du texte de Gaston St-Pierre) "Entre ciel et terre", titre entourant l’idée générale de cette première biennale de sculpture, porte beaucoup sur les aspects de la réalité non quantifiable, non déterminable ou difficilement circonscrite. Il y est souvent question de la matière en suspension et aussi bien de l’espace atmosphérique qui maintient les choses dans un état d’apesanteur. Dans l’expression "Entre ciel et terre", cela comprend tout et rien en même temps. Le contenu autant que le contenant. C’est aussi les limites de notre espace habitable, visuellement sans limites et pourtant réduit qu'à quelques mètres d’air respirable.» Pour l'édition 2004, la Biennale a regroupé les œuvres de 15 artistes: 12 provenant du Québec, un de l'Ontario, un de la Nouvelle-Écosse et un de Terre-Neuve). ARTISTES Lynda BARIL (Saint-Étienne-des-Grès, Québec) « Matière à bouger fut d‘abord une démarche timide sur un matériau périssable qui s’est avéré au fil des expériences et des tâtonnements d’une richesse et d’une solidité inouïes. La pomme guide mon geste sculpteur et met en rapport les nourritures de l’âme et de la terre. »


Guy BLACKBURN (Saguenay, Québec) « Je crois avoir construit une ligne mince, fragile qui propose une drôle d'ambiguïté sur la nature et la fonction de ces formes. Entre l'objet de laboratoire, l'objet de cuisine et l'objet de désir se trouvent des lieux poétiques et des nécessités communes que je m'amuse à explorer avec ce matériau froid, capteur de lumière et qui réfléchit bien cette ambiguïté.»


Patrick COUTU (Montréal, Québec) « Ces amas verticaux et organiques de matières minérales ont grandi goutte à goutte dans l'atelier. Ces Flèches se sont élevées dans l’espace, de manière analogue à cette façon qu’a la nature de construire les stalagmites. Elles constituent en soi une stratification du temps de leur conception. Tel ce qui nous entoure, luttant sans cesse contre la gravité, elles tendent vers leur zénith. »


Linda COVIT (Montréal, Québec) « Le procédé de fonte rituelle d’une cloche de temple dans une fonderie à Takaoka. Une simple cloche suspendue dans les luxuriantes montagnes près d’Hiroshima. La cloche aphone fait référence aux cloches de bronze des temples du Japon, ses dimensions sont à l’échelle du corps humain. Sans battant, il n’y a pas de son et un très grand silence s’en émane. »


COZIC (Longueuil, Québec) « Les treize cônes, de hauteur et de couleur variées, composent une oeuvre-lieu. Espace théâtral à parcourir, cette installation évoque la mystérieuse, la légendaire forêt bretonne hantée par Merlin l’Enchanteur. Au sommet de chaque cône trône un elfe, être ailé invitant à un retour au monde de notre enfance. Cette sollicitation à la magie d’un incertain ailleurs, incite le promeneur à redécouvrir sa mythologie personnelle. »


Andrew DUTKEWYCH (Ormstown, Québec) « Des fausses grosses pierres simplement déposées au sol, une table renversée et un personnage debout scrutant l'horizon. Trois types d'éléments (géologique, architectural, humain), forment en quelque sorte une petite communauté circonstancielle, rassemblée autour d'une situation incongrue. Bien qu'appuyé sur une construction qui lui permet de voir plus loin, le personnage ne peut que voir ce qui le tient en place. Il ne remarque donc pas dans quelle position précaire il se trouve. Cela ne lui empêche pas d'espérer de voir enfin le bout du monde. »


Karilee FUGLEM (Montréal, Québec) « Miroitant dans la salle à demi éclairée, des disques montent en voletant. Ils sont propulsés le long de fils verticaux par des éventails qui sont réglés pour imiter les envolées et les accalmies des conversations. Je surveille leur ascension en retenant mon souffle, expirant vivement lorsqu'en s'entrechoquant, ils retournent à leurs points d'attache. Leur mouvement et leur visibilité scintillante me poussent à regarder avec tout mon être. » Tamara HENDERSON et Brent WADDEN (Halifax, Nouvelle-Écosse) « Dans cette réalisation, notre intérêt est de reprendre l’idée et les conventions du paysage traditionnel, par une intervention et une reconfiguration, pour créer un étrange environnement stylisé. En représentant le “naturel” idéalisé, nuages à l’allure de bandes dessinées, ours, stalagmites, nous voulons laisser supposer et suggérer les relations discontinues que nous avons réellement avec les choses naturelles. Le paysage que nous représentons ici est gonflable, facilement déménageable, compactable et transportable, mais par-dessus tout, commode. »


Barbara HUNT (Corner Brook, Terre-Neuve.) « À Terre-Neuve et en Irlande, j’ai recueilli des petites pierres blanches sur le bord de la mer en guise d’un rite du deuil. Ces pierres ont été cousues entre des couches de tissu noir translucide. Suite au début de ce travail, j’ai appris que les Inuits préhistoriques, habitant la côte ouest de Terre-Neuve, entouraient la dépouille funéraire de pierres blanches du même genre comme partie de leurs coutumes d’enterrement. » « Quelques-uns ont suggéré que le placement de pierres réfléchissantes/translucides telles que le quartz dans les tombes anciennes avaient comme but de refléter le ciel. Si c’est bien le cas, l'image finale vue par les personnes en deuil avant l'enterrement serait leur bien-aimé enveloppé dans la lucarne. » (Bruce Johnson)


Germaine KOH (Toronto, Ontario) « Un tourniquet de métal situé juste à l’intérieur d’une salle pivote automatiquement - et de façon mystérieuse- à une vitesse variable, laquelle est directement reliée à la vitesse du vent venant de l’extérieur. Ainsi, le va-et-vient des gens à travers l’espace est régularisé de manière conceptuelle, selon la température de l’extérieur, et suggérant certaines relations réciproques entre le comportement humain et les forces naturelles : les jours de calme favorisent les mouvements lents, et les conditions venteuses, les mouvements vifs ou même risqués. »


Lise LABRIE (Le Bic, Québec) « Un gros intestin se déroule à l'air libre et la galerie devient à la fois: le laboratoire, l'usine et la serre qui en permettent la digestion. Cette installation est une métaphore du système digestif d'où sort un compost de vers de terre aboutissant dans des assiettes où pousse du blé. Cette œuvre fait partie intégrante de mes préoccupations écologiques. Au moment de sa création il était alors question d'implanter une dizaine de mégas porcheries à 2 km de mon village ce qui menaçait notre environnement. Heureusement, après un dur combat de la population, ces projets n'ont pas vu le jour mais ils demeurent toujours en suspens. »


Diane LANDRY(Québec, Québec) « (…) un énorme soufflet coloré et motorisé. Celui-ci, une fois étiré, atteindra la grandeur d’une personne. L’objet curieux s’anime par des étirements discontinus, des hésitations, des mouvements brusques, des repos essoufflés. Le parcours imprévisible de son étirement échappe à notre compréhension. Le son qui accompagne cet objet étrange est issu du craquement, de la tension élevée de la chose, de l’effort du moteur. Car ici, c’est bien l’effort qui caractérise ce solide soufflet qui tente de respirer. L’arythmie et l’asthme qui émanent de cet ouvrage affectent notre perception. »


Ana REWAKOWICZ (Montréal, Québec) « Dans une société où la mobilité est constante et la gratification matérielle omniprésente, nous devenons étrangers à notre environnement, ainsi qu’à nous-mêmes. Souvent, nous nous créons des bulles dans lesquelles nous vivons et qui transforment notre façon de communiquer avec notre environnement. Mon projet propose une réflexion sur ces thèmes et s’intéresse à la question des relations sociales et des moyens par lesquels nous nous relions aux autres, tant à notre « soi », qu’à un voisin, une communauté ou un étranger. »


SANTERRE, Bruno (Rimouski, Québec) « Tirée d'un ensemble intitulé Dans l'atelier de Palomar, cette œuvre participe à la recherche d'un langage visuel qui témoigne de la négociation et de la renégociation constante de la limite entre l'intérieur et l'extérieur, entre le proche et le lointain ainsi qu'entre l'haptique (le toucher) et l'optique (le point de vue). À la fois objet tangible et image intangible, elle procède du sculptural et du photographique et questionne notre perception du réel, relative au point de vue adopté et aux procédés de représentation utilisés. Produisant un effet simultané de surface et de transparence, elle étudie les relations qui se tissent entre planéité et profondeur illusoire, ce qui contribue à engendrer un effet de battement entre apparition et disparition de l'objet regardé. »


Stephen SCHOFIELD (Montréal, Québec) « Swell va chercher dans ma mémoire les formes d'invaginations, de plis et de spirales d'une corde à linge située dans une cour de banlieue. Les éléments minces, légers, mais forts sont moulés dans un ciment de plâtre à base de résine comme des membranes, et, celles-ci font référence aux vêtements et à la peau, particulièrement en ce qui a trait à la porosité, la vulnérabilité et la résistance. »

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