Karine Giboulo

Montréal, Québec, Canada

Présentée à la Galerie d’art du Parc
864, rue des Ursulines, Trois-Rivières - N46 20.587 W72 32.290


Booby Trap

En 2015, j'ai réalisé une série de sculptures s'intitulant « HYPERland » illustrant l’utopie promise par la « démocratie libérale » et la dystopie que crée plutôt le capitalisme marchand et financier, à tout le moins, pour certains. Pierre Foglia avait écrit dans La Presse à l'occasion d'une visite en Chine pour les jeux de Pékin dans un contexte où l'on craignait "une révolution", une phrase qui m'est toujours restée en mémoire : « …il n'y a pas de révolution où il y a des Walmart ». Cette hyperbole décrit ce système global qui est mis en place où la consommation gagne toutes les dimensions de notre existence en nous asservissant et nous donnant une fausse impression de liberté et de bonheur. On produit, on consomme et on calme nos angoisses à coups d'antidépresseurs et de somnifères. Les enfants sont éduqués comme futurs producteurs/consommateurs. Insidieusement, nous nous sommes mis de notre plein gré dans une société d'auto-surveillance et de dépendance, soit par les GPS, réseaux-sociaux, technologie intelligente et par la propagande de peur créée par l'élite dirigeante. Tout semble de plus en plus calculé, organisé, surveillé, régularisé... Tout semble carré sur une planète ronde. Les questions que je me pose en thème avec la Biennale de sculpture: sommes-nous plus libres ou sommes-nous contrairement dans un état de servitude (faussement) volontaire? Qu'est-il advenu de la dimension spirituelle de l'être humain? Avec le projet Booby Trap, j'ai l'intention de poursuivre mes recherches entamées avec HYPERLand en construisant dans la salle d'exposition une sorte de vaisseau sans issue où chaque être humain effectue machinalement ce à quoi il est asservi dans le but de faire fonctionner cet espace labyrinthique évoluant en "zone protégée". Bonheur, travail, vie sociale et vie intime y seront enrégimentés et contrôlés... pour le meilleur ou pour le pire?

Photo : François Lamy

Photo : Lise Barbeau

Photo : Lise Barbeau

Photo : Lise Barbeau

Photo : Lise Barbeau

Dans votre parcours artistique, quelle perception vous relie à la thématique Le Meilleur des mondes?


Au début de l'âge adulte, j'ai lu le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley. C'était à la fin des années 90 et plus les années passent, moins le roman d'Huxley semble s'éloigner de la fiction. Ça coïncidait au moment où je sentais qu'on me demandait de « rentrer » dans le « système » et ce livre a été en quelque sorte un des éléments déclencheurs de ma carrière d'artiste autodidacte, l'élan nécessaire dont j'avais besoin pour me lancer. C'était une confirmation de mon refus de sauter dans la grosse machine de la productivité. Avec les années, je me suis adoucie, mais le fond est resté présent dans tous mes projets; cette quête de faire ressortir l'humanité dans un monde de plus en plus matériel. C'est ce qui m'avait entre autres poussé à me rendre en Chine afin de réaliser un projet sur les millions de travailleurs migrants dans les usines. Je voulais mettre un visage humain sur notre société de consommation; humaniser cette immense fourmilière d'allure stérile.


BIOGRAPHIE

Née en 1980 à Sainte-Émélie-de-l’Énergie, Karine Giboulo vit et travaille à Montréal. Depuis la dernière décennie, elle a travaillé dans une variété de médiums, de la peinture et œuvres sur papier à la sculpture. Giboulo a gagné une attention particulière pour ses dioramas miniatures d'environnements humains. Elle a participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives au Canada et aux États-Unis. Karine Giboulo est lauréate 2011 du prestigieux prix Winifred Shantz en céramique. En 2009, elle se mérite le second prix dans le cadre du concours Impulse de la foire internationale PULSE NEW YORK. Son travail a été appuyé par le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts et des lettres du Québec. Ses récentes oeuvres, What is my name, All you can eat et Le Village Électronique, font partie des collections du McMichael Canadian Art Collection (Kleinburg, Ontario), du Musée des beaux-arts de Montréal (Québec, Canada) et du 21c Museum (Kentucky, États-Unis).

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